AMOUR A VIE !
Il est 13 heures à Lausanne. Adieu Bastos, adieu Santa Barbara. Me voici comme aux premières années de ma
vie, tournant en rond dans une cage dont le réel confort ne repousse aucun mur. En haut, sur les côtés ou en bas, ce sont d’inviolables propriétés d’autrui. Pas un éclat de rire qui n’éveille et n’agace, encore moins un cri, fût-il un appel au secours. On arrive au septième, étage ou ciel, pas question de pousser un soupir de soulagement, le silence s’impose.
Trois pièces meublées. J’accrocherai ici des tableaux que j’ai apportés, d’Ongola , divers bibelots ici encore et là. Cela personnifiera les lieux, ruse féminine de guerre ! A son retour, mon cher et tendre époux s’émerveillera dans cet univers qui lui manque depuis son départ.
Elles sont comme elles sont. Mais les africaines, rien ne leur enlève l’amour de la cuisine. A peine sont-elles là que leur démange l’envie de…
Mbôngôô avec les "tjobi" qui ont fait le voyage, Sauce jaune au cas où le premier plat ne passerait plus, mais aussi dans la casserole, le contenu du réfrigérateur. Qu'il est fade, le poisson ici ! Piment, herbes aromatiques et re-piment n'y font rien, le poisson vous regarde dans le plat comme s'il en voulait encore. A la fin, le plat encore chargé de son contenu retourne à la cuisine. Du poisson encore, oui, mais il me le faudra du wouri ou de la sanaga à sakbayémi.
Boîtes et surgelés ne seront pas de la fête aujourd’hui. Y. est très heureux, normal ! Papa arrive bientôt ! Dans une minute ou dans une heure, qu’importe, nous serons enfin réunis ce soir.
17 heures. La télé nous tient encore compagnie.
20 heures. Elle nous parle toujours, nous plonge dans un profond sommeil et nous réveille alternativement.
Sur la pendule et la montre que j’ai réglée à l’heure du pays des Grandes Banques, il est à présent 2 heures du matin. Pas de SSSS. dans l'appartement, l’enfant Y refuse de s’endormir une fois de plus. J’ai peur, je compose un numéro de téléphone portable, mon homme décroche.
- Bonjour, chéri, nous sommes bien arrivés mais je ne me sens pas bien !
- ça ira,
Me dit-il d’une voix glaciale, mêlée d’africaine indifférence.
- Je serai là demain, je veux dire tout à l’heure
-
Panique ! Consternation ! Des années de séparation, des mois de préparation, des heures de voyage pour ça ! Yé Ma lééééh ! Bienvenue au pays des Grandes Banques.
Le jour s’est levé. Tant pis, je déferai mes valises seule, comme je les ai faites.
Dans un placard, des chaussettes anglaises qui n’ont pas eu le temps de se planquer, une paire de chaussures féminines usagées, une petite culotte bien apparente, des patins à roulettes taille 39 …
Notre fils est le bienvenu chez son père. Quant à moi, le cœur pincé, il me faut tout de même sonner la fin de la récréation. la récréation, la famille est enfin… réunie !