RETOUR DU FILS DE LA PRINCIPAUTÉ !
Je pense à mon retour dans la Principauté et mon cœur se met tout d’un coup à battre comme un tambour sous
les mains habiles de mon frère Sèkèlè. Pour encore me sentir dans cet état actuellement, il a fallu que cette bande de femmes sans cœur s’y mettent sans merci. Leur mots ont cogné tels des marteaux : Caillou mou, crocodile édenté, lion de salon ont tous eu raison de ma confiance en moi. Hum ! J’entendais même d’autres en rajouter à voix basse, devant leurs minuscules cuisines et les enfants aux incisives manquantes après le passage du lièvre :
… Brochette molle, crâne mou !
Chez ces enfants qui ne perdent pas une seule miette du quotidien familial, tout dépend de la dernière punition qu’on leur a administrée. Ils sont pour papa aujourd’hui et non demain, pour maman après demain quand ils la supplient de me convaincre de les laisser partir en pleine nuit à cinq kilomètres là-bas d’où montent les chants des jeunes pubères qui invitent de leurs notes particulières à la danse. Mais c’est pas encore de leur génération, peine perdue !
Je leur ai écrit une lettre que mon frère Sèkèle leur lira dans trois semaines, si le courrier n’a pas de retard. Il arrivera à Douala par avion, poursuivra sur Edéa où on le remettra aux transporteurs qui connaissent comme leurs doigts, tous les villages et les habitants sur leur route. A la sortie d’un village, le chauffeur lance ra à son aide couché tout en haut du car, sur les bidons d’huile, les chèvres, le mobilier…les valises Bien odorantes de ces filles qui ont réussi en ville et qui reviennent voir leurs parents resté à la campagne.
A la sortie de chaque village, le chauffeur sort la tête de l’habitacle et lance à son aide :
- Y a-t-il du courrier pour le prochain village ?
L’aide que l’on réveille d’un périlleux sommeil :
- Oui, pour SONG SOHGA où je vois une dame debout dans cour là-bas !
Arrivé à l’adresse, le chauffeur fera deux fois retentir son klaxon, puis une troisième fois, il oubliera la main sur l’avertisseur. La vieille femme lèvera la main pour saluer les passants et c’est à ce moment précis que l’aide qui tient à sa part dans l’échange de politesses fera voler de là haut ma lettre pour mes femmes. Sur la route en latérite, la vieille courra aussi vite qu’elle le pourra pour ne pas perdre l’enveloppe virevoltant au gré de l’air battu par l’énergie du car qui passe.
Cette lettre, j’irai la confier au bureau de poste demain (ni ma hôla ma Himôlômbi) si Dieu le veut !