DOUCE MAISON, NOUS VOILA !
C’est l’été. Le mois de juin, deux années, jour pour jour depuis que l’homme de la maison est parti. De l’autre côté. Il fait si beau ce matin de notre arrivée au « Pays des Grandes Banques ». Pour notre enfant Yassine, c'est la première foulée du sol européen, son premier voyage en avion aussi. Moi, je suis une habituée. Mes parents y ont parcouru différents pays et usé le fond de leurs vêtements sur les bacs de cette école-ci et celle-là. Je suis née à quelques heures d’avion de ce pays, je me souviens de ces années, qui se sont poursuivies avec mes volontaires évasions, à la recherche de connaissances et de reconnaissance. Comme une trace elles me suivent ; Comme une trace aussi, il me semble suivre le parcours de mes très chers parents.
A notre descente d’avion, point de papa, point d’époux. Point de notre Seydou. Nous venons d’Afrique et devons rompre deux années de séparation choisie. Un empêchement certainement, la vie d’étudiant en terre étrangère n’est pas des plus facile, elle réserve même bien des surprises.
Le Château, nous arrivons, ville qu’il faudra bien aimer, merci de nous avoir accueillis. Taxi, appartement dont j’ai l’adresse, la clé est cachée là, collée entre une bande adhésive et le métal de la boîte aux lettres, tout au dessus. Exceptés Agents d’entretien et de ménages qui y passent rarement un coup de chiffon, les autres occupants de l’immeuble n’y jettent que les catalogues publicitaires qu’ils ont assez d’emporter chez eux.
Cinq valises posées au centre de la pièce principale, un enfant qui pousse les portes, les unes après les autres à la recherche de son papa dans un appartement presque vide, aux murs blancs. Sur une table d’enfant installée au fond d’une des deux chambres, une note retenue par le fond d’un verre d’eau sur laquelle, flotte un réceptacle en aluminium, retenant une bougie allumée, pour donner plus de vie aux lieux.
"Bienvenue mon Champion adoré. Cette chambre sera la tienne, Ton papa qui t’aime très fort et qui viendra bientôt. Promis, juré ! "
Dans l’autre chambre, sur la table près de la fenêtre, une autre note:
"Bienvenue, Ayila. Il y a de quoi manger dans la cuisine. Que le Pays des Grandes Banques vous porte à tous les deux bonheur"