A MES EPOUSES ET MES FILLES !
A MES EPOUSES ET MES FILLES !
Chères vous 46 et vous mes filles à la fin,
L’année s’achève enfin, une de plus ! Mes yeux s’assombrissent, l’âge et la fatigue me gagnent, c’est la part de tout vivant ; Mais joyeux je suis toujours, et bien plus heureux de commencer ce nouvel an en votre chère, douce et tendre compagnie. Sur ces terres bordées de forêts que baigne le grand fleuve de mes ancêtres, nous avons de nos mains nues, construit ma case selon l’indication de l’oracle. Les vôtres l’ont entourée, au rythme d’une par mariage.
Grâce à vous et bien secondé de la première qui a été et reste de toutes les secrètes discussions avec les ancêtres, la Principauté de Sakbayémé est devenue cette très belle et bien aimée clairière où vous voudriez toujours vivre auprès de moi, même si l’impossible nous touchait avec le harpon de ses pires tentations.
Chacune sous son toit, vous m’avez confié que vous ne recomposeriez qu’avec moi, père de vos enfants, 302 dont le cordon ombilical garde nos grands arbres baptisés de vos noms et portent de si beaux fruits. Aucun immeuble ne vaut nos simples cases en bambous et terre, sous leurs toits de nattes de raphia tressées de mes mains. Ah l’amour, mystérieuse inconnue qui nous lie !
Pendant que ces amis venus de l’autre côté de la mer me suggéraient sous leurs coloniaux casques de me séparer de 45 d’entre vous et n’en garder qu’une, mon regard croisait le vôtre, interrogateur. Obéirai-je à ces nouvelles voix ou resterai-je fidèle à nos traditions ? Vous êtes aujourd’hui devant moi, témoins de mes blanches nuits qui ont chaque fois laissé poindre le jour ! Jamais sans vous, je le promets encore. Mes chères épouses, je n’écouterai pas les voix de ceux-là m’obligeant à les appeler « Mon Père ». Moi, père d’un grand nombre. Vu mon âge, j’aurais aussi pu être le leur si j’avais visité leurs pays.
Mon frère qui rentre à peine de chez eux me dit qu’il viennent d’inventer une forme d’union qu’ils appellent « MARIAGE POUR TOUS » ; Je constate avec désolation que pour eux, ce « MARIAGE POUR TOUS » est loin de signifier « tous mariés ». Ils ont songé à marier « femme et femme », « homme et homme », « femme et homme » puis inverse mais… que font-ils donc d’homme et femmes comme vous et moi, ou encore, de « femme et hommes » que vous faites en cachette, dans le noir silence et le proscrit ! Je veux parler de la polyandrie que vous pratiquez sans mon accord.
Quant à leur « homme et femme », les enfants métis qu’ils ont chaque fois laissé après un passage dans notre Principauté, ne m’a jamais convaincu. Qu’ils jouent comme ils peuvent dans l’arène de cette vieille hypocrisie à laquelle ils ajoutent de nouvelles.
Je ne comprends pas ce volontaire oubli de nos amis, mais je reste sincère dans mon mon union polygamique avec vous. A Sakbayémé et ailleurs dans le monde où elle est légale, je saluerai ceux et celles qui la choisiront librement, tout en la condamnant partout où la loi est contraire, cette polygamie qui constitue le lit de notre bonheur. Laissons donc ces autres à leur courante monnaie de l’adultère et ses multiples divorces.
Enfin, à celles de mes filles qui se reconnaîtront et qui ont un temps oublié les loyales voies de notre Principauté, j’adresse ce très profond proverbe de chez nous, en papa épris d’amour et de justice qui toujours, couvre : « La peau d’un cabri qui quitte sa mère, finit toujours sur un tam-tam » ! Restons ensemble dans notre (mère) famille, saluant l’enfant qui nous est né, le dernier !
Sincèrement, je vous demande pardon pour tout ce que vous me reprocheriez, à tort ou à raison. Continuons ensemble dans l’incontournable imperfection de nos faits et gestes. Que vivent la Principauté de Sakbayémé, le grand fleuve Sanaga et notre amour, par HILOLOMBI et nos ancêtres.