LA DICTEE DE VIRGINIA, INTEGRALE !
C'était samedi 16 mars 2013, à Castanet Tolosane !
EXTRAIT DE L’OUVRAGE PAPIBONBON
Lettre à ma chère épouse Colette-Hermine
Et tu n’es plus là ma chère Colette-Hermine. C’est un jour de plus qui passe sans toi. Deux ans déjà et comme si ce n’était pas vrai, comme si tu étais encore là, je te décris ma petite vie, chaque geste et chaque mot qui l’accompagnent et qui s’envolent quelque part vers toi.
Il m’arrive parfois, ma douce Colette-Hermine, de sentir que tu me vois, que tu es près de moi. Plus proche encore qu’autrefois. Tu vas rire, mais là, assis à cette table de ce petit bistrot de notre première rencontre, je souris béatement ; t’en souviens-tu ? J’observe les gens et les choses avec un regard tout neuf.
A mon âge ! Il me semble bien souvent que ce regard est le tien qui par sa beauté toujours vivante éclaire le mien. Tu étais si drôle, si amusante, et moi si grave, si sérieux. Tes yeux pétillants de malice, tes rires constants…
Tu as fait de notre vie un bouquet de fleurs des champs, de parfums, de couleurs. Moi, aujourd’hui, je vis en noir et blanc. J’ai si peu d’imagination comme tu sais et tant de vague à l’âme. Pourtant je me surprends à penser comme toi. Tu sais quoi ? J’ai une folle envie de faire des tas de bêtises. Box, notre Fox Terrier, s’inquiète parfois quand il me voit faire le gamin tout seul dans mon coin. Et ta petite poule rousse … Ah ! Quelle idée tu as eu là ! Je sais, je n’étais pas d’accord, je trouvais ton idée de la garder à la maison tellement extravagante, et pourtant, elle me tient chaud maintenant. Tu sais, Madame BERNE est toujours aussi sorcière et cancanière, tout le contraire d’Albertine, notre brave boulangère mais Madame WADOWSKI n’a pas changé ! Elle a toujours un pet de travers. Toujours quelque chose qui ne va pas ! Elle est sèche comme un désert ! Oh ! Ma chérie que tous ces gens m’exaspèrent ! Je me demande comment j’ai pu les supporter aussi longtemps à la pharmacie. Dire que je les ai écoutés, réconfortés, conseillés, soulagés et parfois même soignés.
J’ai supporté leurs rhumes, leurs fatigues multiples, leurs rhumatismes, du mal au dos au mal aux dents, en passant par le ventre et la tête, sans oublier les angoissés, les énervés, les déprimés. Je n’ai pas eu à me déplacer pour être envahi par toutes ces petites blessures quotidiennes qui cachent si bien la déchirure humaine. En fait, ce fut une vie tranquille que la nôtre dans un monde bien fragile.
Une vie sans enfant, un regret probablement. J’ai vu la guerre, la misère. Auprès de ces relations, je n’ai ressenti aucune émotion. Mon parcours linéaire met en relief toutes les souffrances et la vanité de notre existence. Toi qui voyages au-dessus des nuages, tu dois savoir la vraie raison de notre passage éphémère sur cette terre ! Et vois-tu ma tendresse, je me dis en cet instant où tout seul avec moi-même je regarde l’Univers, que si le Monde est malade, c’est du manque d’amour et d’une franche rigolade.