CULTURE OU TRADITION, ALLEZ SAVOIR !

Ayila : Ma’a, j’ai l’impression que tu me prends tout !

 Ma’a :  Quoi donc ? Si c’est ton Seydou aussi, même pas pour tout l’or du monde. Des gars comme lui, je t’ai déjà dit ce que j’en ferais.

 Ayila : Il me tarde d’écrire une longue lettre à mes copines restées de l’autre côté de la mer. Maaamaaaa !

 Je leur parlerais de ces choses qu’elles n’imaginent même pas chez nous, de cette  forte tendance, est-ce le fait culturel,  des gens de ces pays de l’autre côté de la mer, à mettre un terme au couple dès que les problèmes surgissent. En passant ce matin devant le kiosque, j’ai lu un article d’un supposé expert des couples, qui explique et soutien que les engagements à long terme ne sont pas viables, que les dangers de la séparation peuvent être conjurés et que la dissolution du lien conjugal peut contribuer à épanouir la personnalité des ex-époux. Si c’est le cas, j’en connais au moins deux à qui cela fera du bien. Mais que dit-il des enfants nés ? Rien du tout. Les adultes ne pensent vraiment qu’à eux dans ce monde que je découvre et dans lequel je devrai m’habituer à vivre.

La rupture du lien conjugal conduirait-elle vraiment à l’épanouissement de la personnalité? Si c’est le cas, c’est alors peut-être en apparence, pour un bien petit nombre d’égoïstes qui se sont laissés conditionner dans ce sens et dans ce pays que je découvre, mais pas de l’autre côté où nous concevons la vie à deux autrement. Ici, elle ressemble tant à la vie des saisons. Une nouvelle arrive, chassant celle d’avant, avec ses joies que l’on a pourtant bien consommées, et ses peines toutes humaines.

Je me souviens de plusieurs de mes amis durant mes années d’enfance en ces vastes terres. Et à rapprocher la peine de Yassine (qui ne comprend pas ce qu’il nous arrive) à la mienne, j’imagine la tristesse qui devait les habiter. Oh ! Peut-être pas, au cas où ils seraient conditionnés pour ce genre de vie. Jamais je n’oublierai combien nos voisins semblaient perdus quand cela leur arriva, ils étaient pourtant d’ici, mais ils avaient en commun d’avoir connu la ville et la vie de KONGA. C’est cela, le véritable visage des divorcés. On dit que le mariage semble désormais voué à l’échec, mais de cet échec naît une génération déracinée, dont les effectifs s’accroissent de jour en jour.

Quand l’attrait de la nouveauté s’est estompé, beaucoup s’aperçoivent que cette liberté nouvelle qui leur permet de satisfaire toutes leurs fantaisies sans rendre de comptes à un conjoint ne répond pas à leur attente. Il s’avère enfin mais à quel prix, que la séparation n’est pas la voie qui mène à l’épanouissement de la personnalité. Du moins en ce qui me concerne, et je n’y suis pas encore ; Il me semble juste traverser une zone perturbée, parsemée de trous d’air. Demains d’autres réalités, demains d’autres décisions qui s’imposeront à moi ou que je devrai prendre.

Ah ! Path, je sais désormais qu’elle est blonde, un peu plus grande que moi et squelettique, sans charme vers le bas du dos, au point de (dit) de la chute. A la manière de notre homme de dévorer son repas quand il nous rend visite, j’ai déduit qu’elle ne sait même pas faire la cuisine. Elle condamne Seydou à la peine du mode micro-onde et de plats prêts à bouffer!

Je ne l’avais jamais rencontrée et de temps en temps, je perdais cette volonté toute féminine de la voir. Elle était tout de même ma rivale ; A peine avais-je évoqué le contraire que le minute d’après je rejetais l'intention de la connaître. J'estimais que chercher à la rencontrer serait lui donner beaucoup d'importance, et penser me mettre au niveau de maîtresse de mon homme me rendait autant maîtresse qu’elle. Je suis l'épouse légitime. A elle, le reste de ces rôles que je ne veux pas ici déterminer.

De surcroît, tout dépend de ce que Seydou avait bien pu lui raconter sur son fils et la mère de celui-ci. Alors voici le moment venu de me lancer dans des constructions mentales que j’aimerais tant voir se réaliser : Qu’elle soit tout aussi victime de mon homme dans un très proche avenir, que moi qui souffre en ce moment de ne le voir arriver et simplement me sourire. Je m’en contenterais pour un début, le reste reviendrait peut-être.